L’auto-administration de médicaments par un patient hospitalisé : les outils de la HAS

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L’évolution de la réglementation concernant l’administration des médicaments apporte une réponse à l’engagement du patient dans ses soins et en particulier pour l’auto-administration de ses médicaments. Un cadre pour sécuriser cette pratique est proposé par la Haute Autorité de Santé (HAS) qui publie une recommandation et une boîte à outils à destination des professionnels de santé et depuis mars 2023 un guide à destination des usagers.

D’après un arrêté paru au Journal Officiel du 14 octobre, « Sous réserve de l’accord du médecin, l’acte d’administration proprement dit de médicaments prescrits au cours de l’hospitalisation peut être effectué par le patient lui-même s’il le souhaite. Il s’agit alors d’un acte d’auto-administration. Cet acte est mis en œuvre par le patient, accompagné le cas échéant par les membres de l’équipe de soins prenant en charge ce dernier, conformément aux recommandations susvisées formulées par la Haute Autorité de santé. »

Les enjeux sont multiples :

  • affirmer l’autonomie du patient et son engagement à la sécurité de ses soins : permettre au patient de prendre ses médicaments tels que prescrits, à savoir « le bon médicament, selon la bonne dose, au bon moment, selon la bonne voie d’administration et de manière continue dans le temps » ;
  • renforcer le travail en équipe pluriprofessionnelle ;
  • réduire les risques d’erreur lors de la sortie des patients de l’établissement en favorisant la continuité des traitements qu’il a l’habitude de prendre ;
  • améliorer la compréhension du patient des médicaments qu’il doit prendre et renforcer son adhésion au traitement ;
  • sécuriser cette situation qui est considérée à risque dans le processus de prise en charge médicamenteuse.

Le Patient en auto-administration de ses médicaments (PAAM) consiste à donner la possibilité à un patient hospitalisé, volontaire, de s’auto-administrer seul ou accompagné, une partie ou la totalité des médicaments qui lui sont prescrits lors de son hospitalisation.
Le PAAM s’adresse à toute structure sanitaire et tous les professionnels impliqués dans la prise en charge médicamenteuse et concerne tous les médicaments qui peuvent être gérés par le patient seul en adaptant si besoin l’accompagnement éducatif.
– Il est volontaire (établissement, service, patient).
– Il s’inscrit dans une politique institutionnelle globale de la gestion des risques et de l’engagement du patient en tant qu’acteur à part entière de sa prise en charge médicamenteuse. Il s’agit d’une poursuite de l’application de l’arrêté du 6 avril 2011.
– L’application du PAAM associe l’ensemble des professionnels de santé (médico-soignants, équipes pharmaceutiques), le patient et son entourage.
– Il peut être appliqué aux différents séjours et secteurs d’activité, et notamment ceux de longue durée.
– Il peut se déployer de manière priorisée dans certains services de soins selon les niveaux de maturité existants, les organisations, la présence de pharmaciens cliniciens.
– Il peut être gradué en termes de niveau de participation du patient et du périmètre des traitements concernés.
– Il est adapté à chaque patient, à chaque médicament.
– Il ne dédouane pas l’établissement et les professionnels de santé de leur responsabilité vis-à-vis des médicaments pris, mais permet au patient de s’engager dans ses soins et de préparer sa sortie.

Les étapes clés du PAAM

– Des préalables sont nécessaires : le PAAM repose sur un volontariat de l’établissement en- gagé, l’équipe de soins qui aura évalué son organisation et les risques liés à la prise en charge médicamenteuse, et le patient qui est informé.
Une évaluation des risques liés au patient et à ses médicaments permet de proposer au patient un niveau de participation au PAAM et de définir les médicaments concernés.
Une décision favorable est émise par le médecin après concertation de l’équipe, du patient et du pharmacien.
L’engagement du patient est obtenu.
Le PAAM est mis en oeuvre et un dispositif de stockage sécurisé des médicaments auto-administrés est mis à disposition du patient en PAAM.
Un suivi et une réévaluation du PAAM sont effectifs. À tout moment, le PAAM peut être remis en question par les professionnels et par le patient.

Les niveaux d’implication du patient

  • Le niveau 0 ne permet pas au patient d’être impliqué dans un PAAM.
  • Le niveau 1 correspond à un patient qui a besoin d’un accompagnement éducatif renforcé. Ce niveau a vocation à être ponctuel.
  • Le niveau 2 correspond à un patient qui a l’habitude de prendre un médicament et pour lequel ses compétences et son adhésion médicamenteuse sont confirmées.
Pour accompagner cette nouvelle réglementation, la Haute autorité de santé propose une fiche d'information sous forme de guide destinée aux patients. 
La HAS rappelle que l’auto-administration ne concerne que les médicaments prescrits par un médecin à l’hôpital ou en clinique. La prise de décision se fait en trois temps : 
- la possibilité de prendre seul vos médicaments est offerte au patient ; 
- le médecin en charge du patient doit donner son accord ; 
- le patient est consulté pour déterminer quels sont précisément les médicaments qu'il peut prendre seul durant son hospitalisation ; il peut s’agir de la totalité de ses médicaments ou d’une partie seulement. 
De son côté, l’équipe soignante peut décider de reprendre la main si elle l’estime nécessaire. En effet, la bonne prise des médicaments reste sous la responsabilité de l’hôpital ou de la clinique, même quand le patient les prend seul. 
En cours d’hospitalisation - Prendre ses médicaments de façon autonome - Document usagers - HAS, mars 2023.

Arrêté du 10 octobre 2022 modifiant l’arrêté du 6 avril 2011 relatif au management de la qualité de la prise en charge médicamenteuse et aux médicaments dans les établissements de santé