Dégradation de la psychiatrie publique : mobilisation le 29 novembre prochain

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Les représentants de la psychiatrie publique* appellent à une nouvelle journée de mobilisation le 29 novembre prochain alors que la situation sur le terrain se dégrade et que le dialogue avec le ministère de la Santé et de la Prévention n’avance pas. Le syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) a révélé à la mi-octobre les résultats d’une « enquête flash » menée entre juillet et septembre 2022 visant à connaître le nombre de fermeture de lits et l’efficacité des mesures de la mission Braun. Les résultats en attestent et confirment, selon la SPH « les craintes et l’ampleur de la dégradation« . C’est ainsi que depuis le début de la crise sanitaire, 70% des établissements ont fermé des lits.

Mise à jour du 22 novembre 2022  
Communiqué des 4 syndicats de la psychiatrie publique : "Le Silence est d'Or"
Les qualificatifs ont beau se succéder : « urgence républicaine », « psychiatrie sans boussole », « crise majeure », « déliquescence annoncée », rien ne semble en mesure d’alerter suffisamment sur l’état de délabrement de la psychiatrie. Il n’y a aucun dialogue engagé à ce jour avec le gouvernement malgré nos demandes insistantes et répétées... Aujourd’hui, nous pouvons parler d’abandon de la psychiatrie, de ses professionnels et de ses patients.
Devant la situation plus qu'alarmante de la Psychiatrie Publique.
Devant la dégradation continue de notre dispositif de soins.
Devant les difficultés majeures pour soigner nos concitoyens qui souffrent.
Devant le silence assourdissant des pouvoirs publics à nos appels répétés et malgré notre journée de mobilisation du 28 Juin dernier.
Nous, psychiatres d’exercice public, tirons à nouveau la sonnette d’alarme.
Les 4 syndicats soussignés*, ensemble, appellent tous les psychiatres publics à une journée de mobilisation et de grève le mardi 29 novembre 2022 avec un rassemblement devant le ministère de la Santé à 11h.
*Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (IDEPP) ; Syndicat des psychiatres d'exercice public (SPEP) ; Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) ; Uninon syndicale de la psychiatrie (USP). 

La SPH souligne que les réponses à cette enquête flash ont été nombreuses et proviennent de l’ensemble des régions de France et d’un très grand nombre d’établissements accueillant des lits de psychiatrie publique. Que peut-on en retenir ?
– En France, cet été, plus de trois quarts des établissements ont été concernés par des fermetures de lits non souhaitées. Pour un certain nombre d’entre eux, c’est plus d’une cinquantaine de lits qui ont été fermés.
– Dans un établissement sur deux, des structures extra hospitalières ont également dû fermer pour permettre un redéploiement – souvent insuffisant – de ressources sur l’intra hospitalier, au détriment donc de la continuité de l’accueil ambulatoire de proximité.
– Les causes en sont hélas assez simples : pénurie médicale et pénurie infirmière, conjuguée dans un établissement sur 2, médicale ou infirmière dans un établissement sur 3. Seul un établissement sur 6 semble ne pas être concerné par cette pénurie.
– La deuxième phase de l’enquête, réalisée à la rentrée, montre que les réductions de lits ont été effectives dans un cas sur deux, n’ont pas eu lieu dans un cas sur trois, et ont été plus importantes que prévu dans un cas sur six. Dans plus d’un cas sur deux, l’hôpital n’a pas été en mesure de retrouver sa capacité d’accueil antérieure.
– Comme déjà retrouvé dans l’enquête de début d’été, dans près d’un établissement sur deux (48%), du personnel de l’extra hospitalier a dû être affecté en intra hospitalier, altérant le travail de secteur et la continuité des soins aux patients.
– Concernant les mesures dites flash et leur lisibilité pour le personnel médical exerçant en psychiatrie publique :
• plus d’un répondant sur trois (37%) indique qu’il n’est pas en mesure de répondre aux questions concernant ces mesures par manque d’information sur son établissement ;
• parmi les personnels médicaux correctement informés, il semblerait que dans seulement 2 établissements sur 5, les mesures décidées soient effectives ;
– Quant à leur efficacité, elles sont apparues de façon majoritaire « partiellement efficaces » (pour 50% des répondants), voire « inefficaces » (pour 45% des répondants). Seuls 5% des répondants les ayant trouvées « efficaces » pour répondre aux difficultés.

Le Dr Marie-JoséCortes, présidente du SPH rappelle que dans ce contexte de difficulté extrême à assurer un parcours de soins sans délai et sans rupture à nos patients, « les quatre syndicats représentatifs des psychiatres d’exercice public ont sollicité une rencontre auprès du Ministre de la Santé et de la Prévention… aucune proposition de rendez-vous ne leur a été faite à ce jour. Avec nos collègues des syndicats de psychiatre d’exercice public, nous appelons à une mobilisation nationale le 29 novembre. Nous demandons également à être reçus par François Braun.

*Intersyndicale de la défense de la psychiatrie publique (Idepp), Syndicat des psychiatres d’exercice public (Spep), Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), Union syndicale de la psychiatrie (USP).